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05/10/2010

[Chronique] Black Milk - Album Of The Year (2010)

Genre: Hip Hop from the D
Label: Fat Beats
Date de Sortie: 14 Septembre 2010
Production: Black Milk, Daru Jones, Will Sessions Band.
Featurings: Elzhi, Royce Da 5'9", Danny Brown, AB, Mr. Porter, Melanie Rutherford, Monica Blaire.

Avec un choix de titre aussi présomptueux (même si le véritable sens n'est pas celui que l'on croit) et un buzz aussi pregnant autour de son nom, Black Milk n'a pas entamé les hostilités de la plus aisée des manières avec cet "Album Of The Year". Créant de fortes attentes, instillant le scepticisme, le jeune MC et beatmaker, fort d'un statut déjà bien ancré dans le rap game outre-atlantique, a pourtant décidé de nous offrir un cinquième opus décomplexé, ironiquement sans prétention, mais pourtant riche et dense, et surtout déroutant pour de nombreuses oreilles. Ainsi, celui qui avait giflé un grand nombre d'auditeurs avec son fameux "Tronic" prend le risque de susprendre, de ne pas flatter l'oreille mais surtout de décevoir, nous allons voir ce qu'il en est concrètement...

Tout d'abord, première précision, Black Milk ne souhaitait évidemment pas faire le meilleur album de l'année, mais bien un disque qui résume l'année qui vient de s'écouler, la nuance est importante quand on connait les faits. En effet, comme relaté dans "365" avec tout le talent de storyteller dont sait faire preuve son auteur, ce dernier a traversé de nombreuses épreuves (mort de sa tante, de Baatin, attaque et coma de son manager et ami Hex Murda, ou encore un accident de voiture), le tout en très peu de temps. Et c'est donc avec un flow encore plus affuté qu'il raconte celà, parmi d'autres faits, accompagné du batteur Daru Jones et des cuivres glorieux du Will Sessions Band. La même équipe (souvent présente sur ce LP) se retrouve sur "Distortion", morceau plus sombre relatant ces drames où la richesse (guitare, xylophone, kalimba) et la puissance du beat transportent littéralement le texte de Milk, bien aidé par la présence vocale de la douce Melanie Rutherford.

Mais "A.O.T.Y." n'est pas un disque sombre, ni obscur, loin de là, à l'image de l'entraînant et bouncy "Welcome (Gotta Go)" ou du guerrier et bruyant "Keep Going" où l'association Milk/Daru trouve son point d'exergue, vaille que vaille, n'hésitant pas à déranger par ces drums chaotiques et saturés. Mais là se trouve bien la touche et la couleur musicale souhaitée par le jeune homme de Detroit pour cet opus et si le choix de mélanger beatmaking classique à l'instrument acoustique n'est pas un choix de prime fraîcheur, l'angle et l’énergie qui sont développés ici le sont bel et bien. Des drums résonnant et faisant vibrer l'enceinte, on en retrouvera sur "Oh Girl", inévitable girl track où le confidentiel soulman AB vient chanter un hook adéquat, ou sur "Over Again", plus anecdotique bien que très efficace et où Monica Blaire vient donner de la voix.

Dans la lignée de "Give The Drummer Sum", morceau de bravoure sur "Tronic", l'ancienne moitié des BR Gunnaz flirte à nouveau avec les ambiances afrobeat sur l'excellent "Round Of Applause" où, en parallèle des merveilles de Daru aux percussions, le MC fait montre une fois de plus d'une grande maîtrise technique et d'un charisme indéniable derrière le microphone, le tout dans une atmosphère digne d'un hommage tacite à Fela Kuti. Dans le registre des expérimentations, il convient aussi de parler de "Gospel Psychedelic Rock", track massif, hybride et pourtant évident, mais qui n'aura aucun mal à fracturer quelques nuques au passage. Autre piège à cervicales, le connoté West Coast "Warning (Keep Bouncing)" porte son nom à merveille quand les sirènes très G-Funk du refrain viennent s'opposer au minimalisme remuant des couplets avec brio.

Autre point notable, il est clair que cet album n'a pas été conçu pour rentrer dans un quelconque tiroir mainstream, tant par le son que par l'absence de "name dropping" dans la liste des featurings. Peu de MC's sont présents, et ce ne sont finalement que des proches de l'artiste. Tout d'abord, sorte de fantasme de tout amoureux de la scène de la Motor City, Black Milk convie les deux snipers que sont Elzhi et Royce Da 5'9" pour un "Deadly Medley" monstrueux où les trois esthètes du flow rivalisent d'habileté, d'assonances et de charisme sur un beat offrant le chant de bataille idéal. Plus convenu dans sa structure, "Black & Brown" invite le rookie Danny Brown dans une atmosphère sombre et gutter à souhait, où le sample de violons apporte sa touche dramatique à un kit batterie on ne peut plus vindicatif. Dernière collaboration et track de la playlist, le bien nommé "Closed Chapter" est un track bilan où la présence vocale de Mr. Porter apporte juste la cerise sur le gâteau, un long titre de plus de sept minutes permettant au MC de réaffirmer sa passion malgré les épreuves personnelles et les aléas de l'industrie musicale.

Et il s'agit bien là d'une profession de foi, avérée tout au long de cet "Album Of The Year", Black Milk est un artisan, passionné et indépendant, qui continue d'explorer le son comme son mentor Dilla avant lui, à son rythme et avec une certaine simplicité dans la démarche. Alors certes, l'on pourra arguer que "Tronic" était supérieur, il était juste différent, ou encore que la forte propension de drums peut nuire à l'écoute, mais c'est un parti-pris artistique, un choix de couleur, et qu'il plaise ou non, il est respectable de la part d'un artiste de ne pas forcément être là où on l'attend, de ne pas forcément flatter l'oreille de l'auditeur (que ce soit par les sonorités ou bien les featurings). Finalement, cet opus est un laboratoire où Milk a décidé de faire partir le fameux son de Detroit dans une direction qui est sienne, et ainsi, il a accouché non seulement d'un solide et passionnant album mais aussi, et de manière sans doute fortuite, d'un des meilleurs albums de rap de l'année, bien que 2010 ne soit pas une grande cuvée en la matière...

1 commentaire:

JPL a dit…

C'est la ou l'album fait plaisir, suite à un buzz provoqué par une édulcoration de son son d'origine le gars part pas se vautrer comme l'ont fait Lupe et Kanye (pour cité qu'eux). Il calme le truc s'enferme chez lui et sort un album super travaillé. C'est sur que on a moins de crack tracks (que tu te passes 4 fois d'affilé dés la première écoute), y'en a moins pour tout les gout comme sur le Tronic, c'est plus spécifique. Clairement, il calme un peu tout le monde et est partie pour faire une carrière qui ira au dela des 3 albums...
Sinon pour moi BM c'est surtout le plus apporté par ces collaborateurs, Daru a la batterie pour le beat, Round of Aplause est clairement un Give the drummer sum part 2 mais clairement on lui en aurait voulu de pas le re faire, ces batterie cassé elles font plaisir.

Chouette chro', c'est un album que j'ai pas du tout cramer a sa sortie mais alors j'me le ressort tout le tps et c'est la couleur qu'anonce la chro'.

Peace!