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15/09/2010

[Chronique] Disiz Peter Punk - Dans Le Ventre Du Crocodile (2010)


Genre: Crossover
Label: Naïve
Date De Sortie: 4 Mai 2010
Productions: Diesel.
Featurings: /

De ses débuts discographiques en hommage à "Chute Libre" à ce virage musical marqué, Disiz n'a cessé d'être un artiste complexe et paradoxal. En effet, le MC a toujours été à la fois très easy listening et mainstream (flow et diction limpide, tracks bourrés d'humour) et d'un autre côté totalement en marge au sein du paysage rapologique français (sincérité rare, ouverture d'esprit, ...). Et c'est donc après une carrière exemplaire en tant que rappeur que l'homme a décidé de tirer un trait sur le milieu du rap français, dégoûté du tournant que ce dernier a pris (suivez mon regard...). Se réinventant une nouvelle fois, l'artiste protéiforme (chanteur, acteur, auteur, ...) prend donc son envol sous l'idéal pseudonyme de Peter Punk, le tout dans une ambiance résolument crossover flirtant avec le rock, l'electro et la pop.

"Dans Le Ventre Du Crocodile" est indéniablement une oeuvre sincère, candide mais maîtrisée, jeune et fougueuse et pourtant si mature. C'est donc après une intro logiquement nommée "Mutation", fleurant bon le thème de l'anime Akira, que le voyage commence avec le morceau-titre, véritable profession de foi où l'univers du LP est planté, fait d'enfants rebelles fuyant cette société fade et écrasante pour enfin s'émanciper tout en ne voulant plus grandir. "Rien Comme Les Autres" est fait du même tonneau, tant thématiquement que musicalement, avec ce rock/pop que ne renieraient pas les NERD ou André 3000. Toujours dans le même ordre d'idées, "Yeah Yeah Yeah" invite, sur des riffs imparables, à remuer son popotin en toute bonne humeur. Toujours dans le thème de l'enfance, le métaphorique et malin "Les Monstres" établit un parallèle entre les terreurs infantiles et nos craintes d'adultes, et ce toujours avec une redoutable et infectieuse efficacité.

Mais Peter Punk est aussi un homme, et il le démontre avec un diptyque sur les rapports amoureux léger et efficace. Le très contagieux "Jolies Planètes" fait dans la métaphore sexuée dans une ambiance totalement retro tandis que le très pop "Faire La Mer" offre une couleur plus romantique et finalement dans la lignée de ce dont Disiz avait déjà été capable sur ces précédents albums. Toujours dans le registre des (bons) sentiments, on notera "La Luciole", hymne à l'amitié tout en douceur qui aurait pu être d'un mièvrerie repoussante sans compter sur l'authenticité et la simplicité assumée de son auteur. Pour en finir avec les histoires d'amour, mention spéciale à l'excellent "Je T'aime Mais Je Te Quitte", pamphlet tout en subtilités adressé à la France, qui rappellera à qui en douterait encore les qualités d'écriture de l'ancien Rimeur à Gages.

Plus proche de ses racines, "Trans-Mauritania" offre une traversée du désert hypnotique et tribale, où se mélangent batterie et percussions enfiévrés, synthés groovy à souhait et chants en langue Peul pour former un motif inédit et réellement addictif. Plus conceptuel, on retiendra avec attention "Problème XXX", spleen sombre et désespéré où se croisent Baudelaire et Aristote mais débouchant, on ne se refait pas, sur une note plus aérée et positive. Encore une fois, la plume de Serigne M'Baye à la ville fait montre de richesse, d'intelligence tout en restant facile d'accès et jamais obscure. Et vient "Paradoxe", autre morceau phare de cet album court mais dense, traitant de la difficulté de trouver sa place, de se trouver, une fois de plus dans un environnement essentiellement bâti sur des carcans. On retrouve ici une thématique chère à son auteur et totalement symbolique de l'artiste et l'homme sans cesse en mouvement qu'il est.

Disiz a pris un véritable pari, se frottant au chant avec sobriété mais justesse, sortant de sa zone de confort pour gagner en liberté, tant formelle que textuelle. Il a su se fondre dans le décor coloré et frais que lui a tissé Diesel (là aussi, saluons l'ecclectisme et la maturité de l'ancien KDD) et a su mué et muté tout en conservant ce qu'il a toujours intrinsèquement été, un jeune homme profondément humain aux valeurs solides et à la plume malicieuse. Alors certes, on pourrait crier à l'opportunisme (le côté hype de l'electro/rock est indéniable), à la facilité (mais ce qui est simpel n'est pas forcément facile) ou encore au plagiat (oui, la ressemblance avec les aventures crossover des Neptunes est bien présente...), mais ce serait oublier bien vite que cet écrin musical est avant tout le vecteur d'un message, qui vient se nicher "Dans Le Ventre Du Crocodile"...

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